Lettre de la Présidente Danièle MULLER-TULLI suite à l’article paru dans Libération du 16 avril 2015

L’article alarmiste consacré par Libération le 16 avril dernier à ce que l’on pourrait percevoir comme une fatigue de la France en matière de lutte contre les sectes m’amène en tant que Vice-présidente de la FECRIS, Fédération Européenne des Centres de Recherche sur le Sectarisme,  à rappeler que les réponses françaises restent un exemple au niveau européen: une loi réprimant l’abus de faiblesse des personnes assujetties  et la mise en place d’un organisme interministériel sont à saluer.

Ce modèle, toujours à parfaire certainement, a inspiré d’autres pays comme la Belgique et le Luxembourg et nourrit les espoirs des associations d’aide aux victimes de sectes rassemblées au sein de la FECRIS et représentant 25 pays européens.

L’échec du rapport Rudy Salles, député des Alpes Maritimes, « la protection des mineurs contre les dérives sectaires », présenté au Conseil de l’Europe le 10 avril 2014, illustre à lui seul la puissance des lobbies sectaires. Des milliers de lettres provenant de groupes sectaires de toute l’Europe, et dénonçant ce rapport comme portant atteinte aux libertés fondamentales dont la liberté de religion derrière laquelle se cachent les sectes, ont été envoyées à la Présidente de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe pour le faire échouer. 58 amendements au texte original ont été acceptés dénaturant l’esprit du texte. Toutefois le mot « secte » apparait dans ce rapport ce qu’on peut considérer comme un menu succès.

Rudy Salles lui-même, dans une interview le 11 avril 2014, rappelle l’importance de la France comme modèle dans la lutte contre les sectes, le reste de l’Europe, à l’exception de la France, la Belgique et le Luxembourg, étant dans une totale léthargie.

La récente réaction de la population suisse alémanique face à la montée de groupes sectaires (l’association suisse alémanique InfoSekta mentionne une forte augmentation de ses demandes d’aide), ou l’implantation d’un bâtiment scientologue dans la ville de Bâle, à quelques centaines de mètres de la frontière de Bourgfelden illustrent bel et bien l’inquiétude dans laquelle se trouvent des populations en présence de pensées de l’extrême.

Il est par conséquent d’une importance capitale qu’un organisme interministériel français continue la lutte, montre la voie et continue à servir d’exemple.

Danièle MULLER-TULLI

Présidente FECRIS