Banisadr FR

Sectes et Terrorisme

 

Masoud Banisadr (UK), Auteur et ex-membre des  Mujahedin du Peuple iranien/sāzmān-e mojāhedin-e khalq-e irān

 

Sommaire – Ce discours portera sur : tout d’abord la différence existant entre le terrorisme en tant qu’acte isolé commis par un individu qui n’est impliqué dans aucun groupe terroriste, ou en tant que l’une des nombreuses activités ou tactiques diverses d’une organisation politique ou populaire d’une part, et, d’autre part d’une organisation terroriste. Ensuite, j’expliquerai comment toute organisation terroriste est soit une secte destructrice, soit n’a pas d’autre choix que d’en devenir une pour assurer sa survie. Enfin, je définirai ce qu’est une secte destructrice et conclurai en expliquant combien le fait d’affronter une organisation terroriste est une action totalement différente de l’opposition au problème du terrorisme et de la violence ; si l’on a réellement l’intention de se débarrasser de ce terrible phénomène, il faut comprendre les sectes totalitaires et, à travers cette compréhension, affronter les organisations terroristes.

 

Terrorisme :

 

Le terrorisme, d’après moi, est un mal social comme un autre, que l’ont peut apparenter au meurtre, au vol, au viol ou au pillage ; les raisons de son existence sont à rechercher non seulement au cœur de problèmes sociaux tels que la pauvreté ou le chômage, mais également dans l’injustice sous toutes ses formes. Il fait partie de notre existence depuis le début de la civilisation et malheureusement, nous accompagnera aussi longtemps que subsistera une forme d’injustice dans la société.

 

Son souvenir ou son évocation nous dégoûtent, surtout lorsque certains tentent de le comprendre et parviennent même à donner une logique à sa motivation.

 

Pour le terrorisme, comme pour toutes les autres maladies, nous pouvons soit en combattre les symptômes, en ingérant des analgésiques très puissants, à même de léser des parties de l’organisme en bonne santé, ou nous pouvons tenter de le comprendre, de découvrir à quoi il est dû et d’y trouver un véritable remède sur le long terme.

 

Malheureusement, comme à leur habitude, les gouvernements ont pour coutume de s’appuyer sur la première solution et n’envisagent la seconde que lorsqu’ils y sont forcés par l’opinion et les requêtes du public. C’est la raison pour laquelle la plupart des politiques gouvernementales dédiées au terrorisme ont pour but de lutter contre celui-ci, plutôt que de découvrir ce qui le provoque.

 

Eh bien, mon allocution d’aujourd’hui ne porte pas sur le terrorisme en général, mais sur les organisations terroristes en particulier, ainsi que leur métamorphose en sectes destructrices.

 

Le crime organisé opposé au crime isolé :

L’importance d’une doctrine ou d’une cause pour un crime isolé, par opposition au crime organisé :

 

Lorsqu’un délit se transforme en crime organisé, il ne va pas seulement prospérer et s’intensifier, mais sa nature et ses attributs vont également se modifier, pour atteindre parfois l’opposé de sa forme originale. Par exemple, si la pauvreté et le chômage sont les causes principales des délits de vol et de pillage, tenter d’éradiquer ces deux maux pourrait jouer un rôle dans la diminution, voire dans l’atténuation de ce genre de criminalité ; dans le crime organisé, bien que l’existence de ce genre de problèmes aide les nouvelles organisations mafieuses à recruter de nouveaux membres, le problème qu’il représente ne sera pas résolu en affrontant la pauvreté et le chômage ; en effet, sa force dépend de son leader et de la complexité de son organisation et non plus des causes premières de son existence. Je suis certain que la plupart d’entre vous ont vu le film « Le Parrain », l’ont trouvé très divertissant et il n’est pas nécessaire que j’argumente là-dessus. La conclusion que j’en tire, c’est que bien que les causes d’un crime isolé soient la raison principale de son existence et que leur résolution soit à même de le faire diminuer ou tout au moins de l’atténuer, dans les situations de crime organisé, les causes n’auront plus la même importance et ne joueront pas le même rôle décisif, voire n’en joueront aucun, dans l’existence de l’organisation.

 

Pour en revenir au terrorisme, j’aimerais vous donner un exemple : l’OMPI, dont j’étais un membre, est née d’une idéologie basée sur l’Islam et le marxisme et opère son recrutement à travers des slogans de justice sociale anti impérialistes et anti sionistes ; ensuite, après la révolution, lorsque je l’ai rejointe, accompagné de dizaines de milliers d’étudiants de diverses écoles et universités, c’est en exploitant toutes sortes de maux, d’injustices ou d’entraves à la liberté existant en Iran, qu’elle arrivait à recruter. Pourtant, après son changement en organisation terroriste, puis en secte destructrice, sa survie, sa force intérieure, n’avaient plus rien à voir ni avec les causes de son existence, ni avec ses devises d’origine, ni avec ce qui était en train de se passer dans le monde islamique ou en Iran. Pour survivre et pour accomplir les rêves du leader, et en opposition avec ses slogans nationalistes, l’organisation a collaboré, pendant la guerre entre l’Iran et l’Irak, la main dans la main avec Saddam Hussein et avec l’armée irakienne, contre laquelle ils luttaient auparavant aux côtés de l’Iran. L’assistance généreuse de Saddam à l’OMPI – son aide financière, les terres données en cadeau pour y construire ses bases, un armement sophistiqué, etc. – ne garantissait en aucun cas que l’OMPI aurait été fidèle à son hôte, et lorsqu’elle entra en contact avec l’armée américaine, elle déclara être prête à aider les américains et à combattre aux côtés de cette nouvelle armée victorieuse [1]Tout ce qui vient d’être dit ne signifie pas que l’OMPI sera à présent loyale envers les américains, parce que les sectes n’ont aucune forme de loyauté envers aucun partenaire ou ami, envers aucune idéologie, politique, devise ou accord, mais seulement envers ceux qui les aident à survivre et à avancer dans l’atteinte de leurs objectifs.

 

Effectivement, pour moi, comme pour presque tous les membres, après la révolution idéologique de l’OMPI (c’est le nom attribué à ses techniques de lavage de cerveau [2] ), l’Iran et l’Islam n’avaient plus aucune importance, tout au moins il n’avaient plus autant d’importance que l’existence et le succès de l’organisation et de son chef. Plus tard, dans une lettre adressée au leader, j’ai expliqué ce changement en moi et dans les autres membres et admis que s’il nous demandait de choisir entre le bonheur et le succès des iraniens et des musulmans d’un côté et la victoire de notre leader partout dans le monde, au cas même où il deviendrait président du Zimbabwe, nous choisirions tous la seconde option. Bien entendu, à l’époque, notre logique était basée sur la supposition que si notre leader trouvait un point d’ancrage n’importe où dans le monde, il pourrait facilement étendre son influence et pourrait ainsi sauver le monde entier et changer le cours de l’histoire. Oui, l’OMPI utilisait et utilise toujours tous les problèmes qui pourraient exister en Iran à des fins de recrutement, pour les transformer en moyen de propagande et pour légitimer son existence ; pour ses membres cependant, ce qui se passe en Iran ou même dans tout le monde extérieur n’est en aucun cas aussi important que leurs relations internes, leur loyauté et obéissance absolue au leader.

 

Dans le cas d’Al-Qaïda, je peux affirmer la même chose. Si la misère et la détresse des palestiniens, l’injustice manifeste qui se déchaîne contre eux et le soutien inconditionnel des États-Unis pour les actions d’Israël est l’une des causes principales du mécontentement des musulmans envers l’occident en général et envers les États-Unis en particulier, il s’agit aussi de l’un des moyens de recrutement les plus efficaces des organisations terroristes ; quoi qu’il en soit, en imaginant que ce problème puisse être résolu, je pense qu’il est possible d’arrêter Al-Qaïda dans son recrutement, mais on ne peut affirmer pouvoir vaincre l’organisation. La seule façon de faire abandonner la violence pour de bon à des sectes destructrices telles que l’OMPI et Al-Qaïda se résume en deux faits : soit leur victoire sur le monde, soit leur annihilation complète. La secte basée sur la personnalité d’Hitler est un exemple que le monde n’a pas encore oublié.

 

Pour survivre, les organisations terroristes n’ont pas d’autre alternative que de se transformer en secte destructrice :

 

Je définirais comme terroriste une organisation dont la seule tactique, ou tout au moins sa principale tactique, dans l’atteinte de son objectif est un acte terroriste. Dans cette définition, je n’inclus pas les gouvernements ou les organisations politiques populaires, même si ceux-ci ont recours au terrorisme dans leurs relations avec leurs ennemis terroristes, dans la mesure où ils s’occupent également d’autres problèmes sociétaires ; le terrorisme n’est pas leur unique tactique et ne représente pas le pilier de leurs actions dans la gestion de leurs problèmes et objectifs quotidiens.

 

Dans un article récemment publié par Cultic Studies Review [3] , j’ai déclaré : « Si l’unique et principale tactique d’une organisation est le terrorisme, tôt ou tard elle devra commencer à changer l’éthique de ses membres, parce qu’elle ne pourra pas correspondre à l’éthique de la société dont ils sont issus. L’organisation doit soit changer l’éthique et le système de croyances de ses membres ou accepter des factions au sein du groupe ou des défections du groupe à grande échelle. » Par conséquent, tôt ou tard, afin de garder ses membres, afin de les éloigner de l’influence émotionnelle et morale de leurs familles, de leurs amis et de la société, les organisations terroristes n’auront d’autre choix que de les isoler de la société, tout au moins psychologiquement et, si elles le peuvent, physiquement, afin de commencer le processus de manipulation des membres sous différents noms et prétextes donnés. C’est la voie qui mène au changement radical en secte destructrice.

 

Pour illustrer la manière dont l’éthique et la règle de conduite d’une organisation terroriste est en opposition avec les usages, la culture, la foi et l’idéologie de la société, je peux mentionner les opérations suicidaires de l’OMPI qui ont débuté l’été de l’année 1981, par, à titre d’exemple, l’assassinat de l’Ayatollah Madani, un représentant religieux Khomeini, à Tabriz [4] , et par une autre opération kamikaze, le meurtre de l’Ayatollah Dastghayb, un représentant religieux Khomeini, à Chiraz [5] . D’ailleurs, si je ne fais pas erreur, il s’agit là de quelques-unes des toutes premières opérations, voire les toutes premières opérations suicidaires des musulmans à l’époque moderne [6] . Ce qui est significatif dans cette opération à Chiraz est que, pour la première fois, c’est une femme et pas un homme, qui a perpétré cet acte terroriste, dans un pays musulman. Parmi les caractéristiques importantes de ces opérations, on peut dire qu’elles s’opposaient totalement à l’éthique de la société, notamment :

  • en brisant le tabou du suicide. Les musulmans, tout comme les chrétiens, croient que le suicide est un grand péché et que celui qui le commet est digne de finir en enfer.
  • en brisant la règle principale consistant à ne pas entreprendre d’action dans les lieux publics. D’autres innocents faisaient partie des victimes [7] .
  • par le fait que de nombreux terroristes suicidaires tuaient leurs victimes pendant les sermons du vendredi, considérant que la mosquée et tous les endroits où les gens prient traditionnellement sont considérés des sanctuaires. Selon les règles religieuses, les églises et les synagogues sont à l’abri de toute violence.
  • en tuant un membre du clergé, un Ayatollah, une personne âgée, non-combattante – ainsi que des femmes et des enfants, ce qu’interdisent la loi et les principes islamiques [8] .

 

Comme on peut le voir, lorsque la tactique et la stratégie change pour devenir uniquement du terrorisme, on ne peut plus être lié par la moralité ou la tradition populaire, par des règles de conduite ou par la culture. Bien que je ne partage pas de nombreuses affirmations du président Bush et de Mr. Blair, je dois tout de même dire, et c’est ironique, que je suis entièrement d’accord avec eux lorsqu’ils déclarent que les organisations terroristes (mais pas toutes celles qui utilisent le terrorisme comme l’une de leurs nombreuses tactiques) vont à l’encontre de notre mode de vie, de notre démocratie et de notre liberté et je suis forcé d’ajouter que les organisations terroristes, tout comme la plupart des sectes destructrices ne sont pas seulement opposées aux valeurs occidentales, mais également à l’éthique et aux valeurs de toutes les sociétés modernes et civilisées, qu’elles soient orientales ou occidentales ne fait aucune différence. Bien entendu, ces organisations bénéficient largement du progrès de la science ou de l’existence de toute forme de liberté et de démocratie ou de toute voie s’ouvrant devant eux dans les différentes sociétés, pour recruter et se faire connaître ; ainsi, Al-Qaïda et l’OMPI profitent grassement de la technologie moderne, comme l’internet, les téléphones portables,… à des fins de propagande. Elles seraient même capables d’aller plus loin en se qualifiant de défenseurs des valeurs modernes telles que la démocratie, la liberté ou l’égalité, comme le fait déjà l’OMPI. Toutefois, lorsqu’on examine leurs relations internes, celles-ci montrent facilement le véritable visage de ces organisations et l’ampleur de leur haine à l’égard de ces valeurs. Il faut espérer qu’elles n’arrivent pas à atteindre le pouvoir comme l’a fait Hitler, parce qu’elles créeront une sorte de dictature et seront à la base d’atrocités jamais vues auparavant dans aucune civilisation.

 

Lorsqu’un groupe qui veut éviter les valeurs morales et éthiques des citoyens, perd le soutien de la société au sens large, les membres et les partisans de son organisation acquièrent plus d’importance [9] . C’est alors que l’organisation affronte ce dilemme : que faire de la moralité et des croyances de ses membres et partisans ? Après tout, ils sont – ou étaient – des individus normaux de la même société, liés par le même code moral et les mêmes croyances, et avaient des responsabilités tout au moins envers leur famille et leurs amis.

 

La réponse pour toute organisation se trouvant au sein de ce point de transition est évidente : « Il faut les changer ou les perdre» [10] .

 

Pour changer l’éthique, le système de croyances et la personnalité de leurs membres, les organisations terroristes n’ont pas d’autre solution que de mettre en place un processus de manipulation mentale. Si elles y arrivent, elles le mettent en place et s’approprient ainsi de tous les éléments essentiels d’une secte destructrice ; si elles ne peuvent le faire, elles subiront dans ce cas des scissions, devront affronter de graves désertions et n’auront comme issue aucun autre choix que celui de changer de tactique et de passer ainsi d’organisation terroriste à autre chose, peut-être à une organisation politique, comme l’IRA en Irlande, ou bien de se désintégrer complètement, comme Pykar, une organisation marxiste, une sorte de branche de l’OMPI qui n’a pas réussi à se transformer en secte et qui a été contrainte d’annoncer publiquement sa dissolution.

 

Organisation terroriste et secte destructrice : laquelle est pire?

Oui, à mon avis les organisations terroristes n’ont pas d’autre choix que de devenir une secte destructrice, mais que deviendront-elles ? Quelque chose de meilleur, de plus acceptable ou de pire ? Qu’est-ce qui est pire ? Une organisation terroriste ou une secte destructrice ? Je pense que c’est la secte destructrice, et ce pour deux raisons principales :

 

1-                  Lorsqu’une organisation se transforme en secte destructrice, elle ne doit plus se conformer à une quelconque norme, moralité ou règle. Sa doctrine et ses règles de conduite peuvent facilement changer à tout moment pour servir deux de ses objectifs essentiels : sa survie et la matérialisation du rêve enfantin de son leader. Ainsi, même si une secte est forcée d’abandonner la violence en tant que tactique principale, tout comme l’OMPI, désarmée par l’intervention des forces américaines [11] , elle peut toujours revenir au terrorisme à tout moment si elle le peut et si elle en a besoin. Au contraire, les organisations en tout genre, même des organisations terroristes (avant leur changement en secte) sont loyales à une série d’idées et de principes, ou tout au moins à certaines finalités et objectifs ; par exemple, l’objectif de l’IRA était d’unifier l’Irlande. Voilà pourquoi elles sont dans une certaine mesure prévisibles, accessibles, il est même possible de dialoguer avec elles, d’influencer leurs politiques et de les changer en un type de rassemblement plus pacifique et démocratique.

 

2-                  La deuxième raison pour laquelle je pense qu’il est plus difficile d’affronter des sectes destructrices plutôt que tout autre type d’organisation est due au changement de personnalité des membres des sectes totalitaires. L’un des slogans des leaders de l’OMPI invitait à se transformer en fourmi, à apprendre grâce aux fourmis à être altruiste et à agir d’instinct, en accord avec le leader, sans rien mettre en doute et sans poser de questions. Si ce désir millénaire de tous les tyrans était mentionné et demandé ouvertement et franchement par les leaders de l’OMPI à leurs membres, cela ne veut pas dire que les leaders qui n’en parlent pas ne se donnent pas les moyens de l’obtenir. Je pense qu’il s’agit de la finalité et de l’objectif de toutes les sectes totalitaires et c’est la raison pour laquelle il est si difficile d’affronter ces groupes.

 

Il nous est très difficile dans une société au sens large, alors que nous menons une vie normale, de comprendre une personne qui se suicide avec une bombe à Londres, Madrid ou New York ; tout comme il était difficile pour les citoyens iraniens du dixième siècle, les croisés occidentaux et les dirigeants de cette époque de comprendre les actions suicidaires de la secte des Assassins. À l’époque, ils expliquaient les actions des Assassins par leur probable narcotisation au haschisch, ce qui leur a donné leur nom. Aujourd’hui, j’entends des experts expliquer que ces suicides à la bombe sont causés par un désir d’atteindre le paradis pour y participer à de magnifiques Hories. Selon moi, ces deux interprétations sont fausses : il est possible que certains Assassins aient utilisé une forme de narcotique ou que certains kamikazes modernes pensent pouvoir satisfaire davantage leurs désirs sexuels après la mort plutôt que pendant leur vie, mais la raison principale réside dans le fait que les membres des sectes totalitaires changent ; ils perdent petit à petit leur personnalité, leur individualité, leur instinct d’auto-préservation et même leur autonomie ; ils perdent leur caractère, leurs principes, voire leurs émotions : à la place de tout cela, ils deviennent des disciples fidèles et obéissants au leader. D’après moi, voilà où réside la difficulté à les affronter et à les arrêter. Ils deviennent comme ces personnages mutants de certains films de fiction. Ils sont souriants, généreux et heureux et peuvent, en un instant, se transformer en individus colériques, violents et sans pitié, capables de blesser n’importe qui, voire d’assassiner enfants innocents. Ils sont imprévisibles et méconnaissables. Ils ne se réfèrent à aucune série de croyances par laquelle il serait possible de les comprendre et sur laquelle pourrait se baser une discussion et une éventuelle négociation. Ils n’ont aucun désir personnel et aucune faiblesse utilisable à des fins de changement. Ils recherchent la douleur, la rigueur, et même la mort ; ainsi, ils ne peuvent être menacés, parce qu’ils acceptent l’idée d’être « victimes des atrocités de la société à grande échelle et martyrs pour le leader et ses devises ». Par conséquent, aucune méthode conventionnelle visant à gérer les criminels ne peut être utile face aux membres des sectes destructrices. J’essaierai d’expliquer plus tard la réponse que je donne à ce problème.

 

Terrorisme – résurrection d’une ancienne caractéristique des sectes destructrices

 

J’ai déclaré plus haut que toutes les organisations terroristes, afin de survivre avec le « terrorisme »  comme pilier de leur stratégie ou comme leur seule ou principale activité, n’ont pas d’autre choix que de se transformer en secte destructrice. Le contraire n’est toutefois pas toujours vrai. Toutes les sectes destructrices ne sont pas une organisation terroriste.

 

Bien que les sectes destructrices ne soient pas nécessairement terroristes, le terrorisme n’est pas pour elles un élément nouveau. Peut-être que la plus ancienne dont on se souvienne historiquement soit sans doute celle des Fanatiques, qui ont combattu les romains en 48 ap. J.-C. [12] . Il est probable que les Fanatiques aient été les pionniers des actions de suicide collectif. Lorsqu’Éléazar, leur leader, découvrit qu’il n’avait pas la moindre chance de gagner, il demanda à tous ses membres de se donner la mort. Des siècles plus tard, on a pu assister à une répétition de ce geste à Waco et Jones Town. Un autre exemple de ce qui est sans doute l’une des sectes terroristes les plus durables étaient les Thugs ; les étrangleurs Thugs ont sévi dans toute l’Inde jusqu’à ce qu’ils soient enfin décimés par les britanniques au dix-neuvième siècle [13] .

 

La secte terroriste la plus célèbre, ancêtre de l’OMPI et d’Al-Qaïda est probablement celle des Assassins [14] , dont provient le mot « assassinat » [15] . Tout comme l’OMPI et Al-Qaïda, qui recrutent leurs partisans par le biais de slogans anti-américains, les Assassins, pour recruter leurs disciples, utilisaient l’excuse de l’occupation de l’Iran tout d’abord par les arabes et ensuite par les turcs au dixième siècle ap. J.-C.

 

Alors qu’ils utilisaient ces slogans nationalistes, il a très vite été manifeste qu’en tant que secte, rien n’est plus important que la survie et la prospérité de cette dernière. Tout comme l’OMPI a collaboré avec les ennemis de l’Iran, dont Saddam Hussein en Irak, pour survivre et prospérer, les Assassins, eux aussi, pour assurer leur survie et leur prospérité, étaient disposés à travailler auprès de n’importe qui ; ainsi, ils s’allièrent avec les arabes contre les turcs, avec les croisés, même avec les mongoles impies contre les arabes musulmans, et changeaient facilement de camp pour des raisons inhérentes à la secte et non pas en raison d’un peuple, d’un pays ou d’une foi [16] .

Tout comme la doctrine était importante pour d’autres sectes, dans ce cas, l’Islam était important pour eux dans la mesure où il aidait au recrutement ; lorsqu’il n’avait plus cette fonction, ils pouvaient se permettre de changer de doctrine selon leurs désirs [17] .

 

Pour arriver à transformer leurs membres en machines à tuer, tout comme l’OMPI et Al-Qaïda, seuls deux concepts de l’Islam étaient utilisés : le Djihad et le martyr dans leur interprétation déformée et dans l’ignorance des règles de conduite islamiques [18] . L’OMPI et Al-Qaïda ont démontré leur manque total de respect pour la vie humaine et leur disposition à tuer tous ceux qui se trouveraient sur le chemin menant à leurs objectifs, et cela dans n’importe quel cas, même lorsqu’il s’agit de vieux hommes d’église [19] pendant les heures de prières au sein d’une mosquée [20] .

 

L’OMPI et peut-être Al-Qaïda, ainsi que toutes les autres sectes destructrices font un lavage de cerveau à tous leurs membres et les changent : ceux-ci passent ainsi du statut d’individus à celui de machines à tuer et suivent d’instinct les ordres du leader, sans jamais mettre sa parole en doute et sans poser de questions. Elles ont également un contrôle total de la sexualité de leurs membres. L’OMPI ou David Koresh ont ordonné à leurs membres de quitter leurs épouses et d’oublier le sexe pour cette vie et pour l’au-delà, tandis que les Assassins avaient la coutume de castrer leurs jeunes tueurs suicidaires.

 

Quelle définition donner à une secte destructrice?

 

J’aimerais maintenant expliquer brièvement la manière dont je définis une secte destructrice. Selon ma définition, les sectes destructrices possèdent quatre ingrédients ou éléments essentiels :

 

1- un leader charismatique :

À la différence de quelques experts qui définissent les sectes et les classent selon leur idéologie ou leur doctrine, ma définition d’une secte commence par son leader, plutôt que par sa doctrine. Il s’agit d’un leader à l’égo enfantin et à la personnalité narcissique, qui n’arrive ni à réaliser ses besoins irréalistes, ni à matérialiser ses ambitions gigantesques dans le monde réel et qui recrée un mini monde fictif dans l’isolement psychologique ou physique des membres de la société au sens large, au sein d’une secte destructrice. Selon moi, les leaders des sectes sont complètement différents des leaders politiques ordinaires en raison de leurs attributs, notamment : le charisme et le charme, le narcissisme ou égo enfantin, leur complexe de supériorité, leur besoin d’avoir des adorateurs et leur solitude.

 

Il s’agit d’un leader qui souhaite attirer et recruter des disciples et qui a besoin d’une cause, d’une doctrine ou d’une idéologie. Pour le leader d’une secte, la cause ou la doctrine est un moyen et non un but ou un objectif. Il ou elle choisit sa doctrine en fonction des croyances, des besoins, des injustices subies par la population, des maux existants dans la société, ou des plaintes provenant du groupe dont il souhaite prélever ses disciples. Son objectif est de trouver des adorateurs, des jouets pour le monde enfantin de son rêve, afin de créer ce monde et d’unifier son égo interne à l’égo externe. Ce qu’il choisit comme « cause » ou « doctrine » n’a pas d’importance et aucun leader de secte ne ressent l’obligation d’être fidèle à ses messages ou objectifs premiers.

 

2- Doctrine, objectif ou cause manichéens :

Contrairement à certains experts qui expliquent la doctrine ou l’idéologie des sectes destructrices, je ne les nommerai pas et ne les définirai pas selon les facteurs superficiels, ou, si j’ose dire, hypocrites qu’elles ont en commun avec les croyances populaires telles que la chrétienté, l’Islam ou même des idéologies comme le nationalisme ou le marxisme [21] .

 

Ainsi, selon ma définition des sectes destructrices, ce qu’elles choisissent d’appeler leur doctrine, peu importe comment elles la définissent, et la loyauté qu’elles semblent lui accorder, ou la stabilité avec laquelle elles semblent observer l’éthique de cette foi, n’a pas autant d’importance que les facteurs communs de la doctrine de toutes les sectes destructrices. Toutes ces sectes présentent des caractéristiques telles que la croyance manichéenne et un caractère exclusif (s’opposant à l’inclusivité des autres groupes sociaux, qui possèdent un dogme, mais dont les membres et les disciples sont libres de faire ce qu’ils veulent, malgré l’existence de directives qui incitent à respecter un certain nombre de choses ; même les dogmes des disciples des religions les plus extrêmes sont limités et peuvent être comptés ; les sectes destructrices, au contraire, ont des dogmes pour tout, à l’exception de quelques rares aspects de la vie). En d’autres termes, le leader prend des décisions relatives à tous les aspects de la vie d’un membre d’une secte destructrice. Le membre n’a aucune liberté de choix sur quoi que ce soit, à part quelques aspects très limités de son existence. D’autres facteurs communs dans leurs doctrines sont : leur ruse, leur tromperie ou leur foi dans l’idée que la fin justifie les moyens.

 

3- Organisation totalitaire

Bien que l’organisation ne soit pas aussi importante que la doctrine de la secte et certainement pas aussi importante que la méthode de manipulation mentale utilisée par les leaders afin que leurs disciples abandonnent qui ils sont réellement pour devenir des adorateurs idéaux, et bien que les leaders puissent facilement, en fonction de sa taille et des circonstances, changer la forme de l’organisation, on peut tout de même remarquer quelques similarités entre les différentes sectes destructrices. Notamment, le fait qu’elles soient toutes totalitaires : il n’y a donc pas de place pour la démocratie, pour des questions sérieuses, ni pour le doute ou la critique envers le leader et ses ordres. Elles imposent toutes une discipline de fer, un travail ardu, une autonomie de la société au sens large, le secret et la surveillance, une adhésion à vie ou des portes de sortie verrouillées. Dans le cas d’Al-Qaïda, bien que cela ait changé et qu’elle ait fait quelques concessions, dans la moindre petite parcelle de ces concessions se dévoilent les éléments communs qui font l’organisation des sectes destructrices.

 

4- Manipulation mentale

Les leaders des sectes, afin de construire leur monde enfantin et de satisfaire leurs dispositions envers le « tout ou rien », n’ont pas d’autre choix que celui de s’isoler, ainsi que leur petit monde, aussi bien psychologiquement que physiquement (s’ils le peuvent) et de trouver des moyens de changer les hommes et les femmes recrutés dans la société, afin qu’ils deviennent les objets-jouets de leur monde de rêve. Ce genre de gourou n’a pas d’autre possibilité que d’utiliser une sorte de technique de manipulation mentale s’il veut conserver ses disciples-jouets dans une ligne de conduite très étroite et absolue, sans aucun questionnement, aucun doute, aucune retenue ou contradiction, aucune croyance, désir, espoir, rêve ou pensée, voire même aucune émotion ou sentiment d’ordre privé ou personnel ; ils doivent changer leurs disciples afin qu’ils deviennent assez flexibles pour jouer à leur jeu et suivre leur scénario.

 

Lorsque l’on parle de manipulation mentale, on se trouve soudainement face à deux extrêmes : d’un côté se trouvent ceux qui nient l’existence de telles méthodes et de l’autre, ceux qui les considèrent comme de simples techniques d’influence pour recruter par « lavage de cerveau » ; ils qualifient les membres de toutes les sectes, même les non-destructrices, de « zombies » ou de « machines ». Personnellement, je crois qu’il n’existe aucune méthode qui arrive à faire un lavage de cerveau total à une personne, qui soit plus puissante que les gènes ou que la première éducation reçue par les parents et la société, car ceux-ci modèlent la personnalité et le caractère profonds d’une personne. Cela étant dit, j’ai été témoin de changements de ma propre personnalité et de celle de centaines sinon de milliers d’autres membres de l’OMPI par l’utilisation de différentes méthodes de manipulation mentale ; c’est pourquoi je crois fermement à l’existence de méthodes qui peuvent changer la personnalité, le caractère, le système de croyances et la perception de la singularité d’une personne. Ces méthodes peuvent pousser une personne hors du siège conducteur de sa propre volonté, pour la faire intégrer le siège passager, et la forcer à s’abandonner au leader, presque complètement. Comme je l’ai mentionné, je ne crois pas qu’une personne puisse devenir par exemple, un « zombie » ou une « machine », mais parallèlement, si l’on compare ceux qui utilisent ce genre d’expression lorsqu’ils décrivent les membres des sectes et ceux qui nient l’existence de méthodes de manipulation mentale, la première vision des choses me semble plus proche de la réalité que la seconde. Oui, je crois que les membres réels, loyaux et obéissants des sectes destructrices sont plus proches de la « fourmi » à laquelle voulait nous faire ressembler Rajavi, ou d’un « zombie » ou d’une « machine », que les hommes et femmes libres que nous voyons dans la société au sens large, même au sein d’une dictature et malgré toutes les contraintes auxquelles est soumise leur liberté.

 

Pour expliquer la manipulation mentale, je l’ai partagée en trois phases ou catégories différentes. En premier lieu, je placerais l’utilisation de techniques rationnelles et influentes pour changer les croyances des nouveaux membres, et pour faciliter le recrutement. Ensuite, après avoir changé les croyances d’une recrue, la tâche principale du leader de la secte sera de trouver un moyen de stabiliser ou de fixer de nouvelles idées et d’arriver à neutraliser la tendance du nouveau membre à revenir à son ancien système de croyances en raison de la pression exercée par sa personnalité et par ses sentiments à l’égard de son ancien mode de vie, de sa famille et de ses amis. Ceci se produit principalement par un isolement et un changement de comportement, que j’appelle contrôle mental. Enfin, pour satisfaire son désir de changer des hommes et des femmes libres en jouets complètement transformables et modulables à souhait, le leader d’une secte destructrice doit changer la personnalité individuelle des disciples pour qu’elle devienne la personnalité collective de la secte ; il y parvient principalement en utilisant l’émotion. C’est ce que j’appelle le lavage de cerveau [22] .

 

 L’affrontement des sectes terroristes diffère de l’affrontement du terrorisme lui-même :

Comme je l’ai expliqué, lorsqu’une organisation terroriste change pour devenir une secte destructrice, sa doctrine, son idéologie et ses causes de départ ne sont pas pour le membre aussi importants qu’ils l’étaient lors de son recrutement ; il s’agit de la différence principale avec les terroristes individuels ou les organisations qui utilisent le terrorisme comme l’une de leurs nombreuses tactiques d’une part, et les organisations terroristes d’autre part. Les deux éléments décisifs à la survie des sectes destructrices sont : 1- le leader et 2- le système de manipulation mentale. Ainsi, d’un côté, pour gérer les terroristes individuels et tout autre type d’organisation il est possible de raisonner, d’éduquer, d’établir des accords et même de négocier, bref, d’utiliser tous les moyens politiques et rationnels pour les persuader à abandonner la violence et le terrorisme comme tactiques et à utiliser des moyens politiques pour atteindre leurs objectifs ; au contraire, lorsque l’on a affaire à des sectes destructrices, dont des organisations terroristes, le recours à tous ces moyens est vain.

 

Encore une fois, alors que dans le premier cas il faut reconnaître leur foi envers leur doctrine ou leur objectif et l’utilisation de cette doctrine ou objectif en tant que base ferme et décisive pour éduquer, raisonner, démontrer des contradictions, voire négocier ; dans le deuxième cas, la plus grande erreur consiste à les reconnaître en tant que, par exemple, musulmanes, nationalistes chrétiennes ou marxistes, surtout lorsque cela se produit publiquement et, pire, à les accepter en tant que NMR ou nouveaux porte-parole de ces croyances, idéologies, voire de ces causes. Malheureusement cela a été la plus grosse erreur des politiciens, des médias et même de quelques académiciens et intellectuels occidentaux après le 11 septembre, qui ont qualifié Al-Qaïda d’organisation musulmane et pire encore, ceux qui l’ont qualifiée d’islamiste, voire ceux qui ont identifié sa propagande et ses actions à l’Islam. Je crois fermement que ces personnes, en qualifiant ces organisations terroristes de musulmanes et non de sectes destructrices les ont défendues et les ont aidées, d’une manière qu’ils ne peuvent même pas concevoir. Ainsi, elIes se sont octroyées la sympathie de nombreux musulmans insatisfaits avec, par exemple, les politiques de l’occident vis-à-vis du conflit israélo-palestinien ; Osma est passé à la deuxième place des prénoms les plus donnés aux petits garçons dans les pays arabes et Al-Qaïda a recruté tellement de jeunes musulmans insatisfaits et confus qu’elle s’est retrouvée en difficulté pour les éduquer, les organiser, voire les utiliser. J’espère qu’un jour, ceux qui ont associé Al-Qaïda à l’Islam se rendront au moins compte de leurs actes et de la manière dont ils sont devenus les plus grands défenseurs des organisations terroristes et avec un peu de chance, qu’ils seront forcés de s’excuser auprès des centaines de milliers de victimes du terrorisme récent dans le monde entier.

 

Pour affronter les organisations terroristes, il faut faire des recherches, déterminer et comprendre leurs points forts, et surtout, comprendre la manière dont elles manipulent les esprits de leurs disciples pour les neutraliser. Je pense que les éléments les plus importants de leurs manière de manipuler les esprits sont : 1- l’isolation psychologique voire physique des nouvelles recrues de la société. Et 2- l’utilisation des émotions fortes des musulmans en général et des jeunes musulmans en particulier envers ce qui se passe dans le monde islamique.

 

1-                  Isolation psychologique : dans l’article mentionné plus haut [23] , j’ai tenté de montrer comment les sectes destructrices en général et les sectes terroristes en particulier créent des phobies, des paranoïas, une haine et un dégoût du monde extérieur et isolent ainsi psychologiquement de la société leurs nouveaux membres et déshumanisent ou sous-humanisent les non-membres. Malheureusement, toujours après le 11 septembre, les gouvernements et les médias occidentaux n’ont pas seulement omis de neutraliser ces éléments, mais ont au contraire satisfait l’opinion publique en garantissant qu’ils s’occupaient du problème ; d’une certaine façon, ils ont grandement contribué à aider les organisations terroristes dans l’isolement de leurs membres de la société.  Pour affronter ces éléments, il nous faut comprendre, nous rendre compte et reconnaître qu’il existe, dans chaque membre d’une secte destructrice, un individu mourant qui a soif d’un peu d’encouragement, de gentillesse, de compréhension et d’une main qui l’aide à survivre et à se sauver. Laissez-moi illustrer ceci par deux exemples personnels. Lorsque, après avoir veillé pendant plus de 24 heures, j’ai voyagé entre Paris et Washington, une vieille dame qui était assise à côté de moi dans l’avion, voyant combien j’étais fatigué, m’a démontré un peu de gentillesse et de compréhension et a conservé mon plateau-repas jusqu’à ce que je me réveille. Voici un autre exemple : lorsque je me suis blessé en tombant d’un escalier, à cause de mon problème de dos, un ami à moi qui n’était pas membre de l’OMPI m’a aidé et a soigné mes blessures. Vous n’imaginez pas combien ces deux exemples sincères de compréhension et de gentillesse ont détruit l’idée que les membres de l’OMPI, dont je faisais partie, sont supérieurs à tout le monde et m’ont aidé à neutraliser dans mon esprit l’idée de déshumanisation ou de sous-humanisation des non-membres. Le fait d’emprisonner, d’insulter, de frapper, de torturer par l’eau et d’autres façons les membres des sectes destructrices affaiblira ces individus mourants et renforcera la personnalité collective de la secte, rendant ces individus plus stables dans tout ce qu’ils sont en train d’entreprendre. Peut-être que pour la sécurité du public en général on ne peut éviter des politiques aléatoires de fouilles, ou qu’il y ait des erreurs dans certaines arrestations et emprisonnements, mais cela n’aura pas l’effet désastreux de ce que l’on fait généralement après avoir stoppé ou emprisonné une recrue potentielle d’une secte destructrice. Si nous éduquons le public en général ainsi que la police, les politiciens et les médias en particulier au fait que les membres des sectes destructrices sont des victimes et non des criminels, qu’ils ont besoin d’une aide psychologique et pas d’une punition, alors nous pourrons affronter ce problème sans créer de nouvelles victimes et martyrs pour que les sectes destructrices recrutent et fassent des lavages de cerveau sans relâche.

 

2-                 Émotion : oui, en occident il est possible que nous ne puissions pas faire grand-chose pour les sentiments des musulmans et si je puis dire des sentiments humains envers ce qui se passe dans le monde, les injustices, les discriminations et les atrocités. Nous ne pouvons pas empêcher nos médias de montrer ces nouvelles et si nous agissons parfois comme le font nos médias, à mon avis, nous commettons la plus grave erreur de toutes, parce que non seulement nous ne reconnaissons pas les débats des organisations terroristes, mais nous ignorons par là nos propres valeurs et nous mettons en doute notre société libre, démocratique et juste ; par conséquent, nous encourageons non seulement les jeunes recrues potentielles des sectes terroristes à se tourner vers des sources d’information alternatives, mais nous les poussons encore davantage vers un attrait pour une éducation et des moyens violents de faire face à leurs émotions. Selon moi, nous devons tout au moins soutenir nos propres valeurs, notre liberté, notre démocratie, notre autonomie et notre équité. il nous faut diminuer tout besoin pour des sources d’information alternatives de type sectaire ou terroriste en fournissant nous-mêmes, de manière directe, de véritables informations sur les injustices. Il nous faut comprendre et reconnaître les émotions des populations, en général des jeunes musulmans envers les injustices, les discriminations et les atrocités pour ensuite les éduquer, leur ouvrir les yeux et les aider à employer d’autres moyens de canaliser leurs émotions. J’ai vu récemment un documentaire sur la chaîne numéro quatre intitulé « Britain’s Islamic Republic » (république islamique britannique) [24] ; dans ce documentaire, le producteur et le présentateur du programme avaient selon moi un point de vue juste et correct mais avaient aussi tendance, malheureusement à « révéler » et à « discréditer » ceux qui essaient de trouver leur voix dans le parlement britannique en voulant démontrer leurs tentatives d’infiltration ou d’influence du parti travailliste ou d’introduction de leur propre candidat aux élections parlementaires. Eh bien, j’espère que j’ai tort et que le discrédit pour les actions de ceux qui tentent de trouver une voie politique en réponse à la détresse de ces jeunes gens n’était pas l’intention première des producteurs de ce programme télévisé, parce que je crois que c’est exactement ce qu’il nous faut faire, encourager et montrer les jeunes musulmans et la manière dont ils peuvent canaliser leurs émotions, leurs sentiments ou leur responsabilité, leur besoin de faire quelque chose contre les injustices par des moyens pacifiques et politiques et leur prouver que ça peut marcher et que c’est le droit chemin vers une solution sur le long terme des maux du monde moderne.

[1]          « Dans un rapport RAND : Pages 10 et 11, on peut lire : « L’OMPI a déclaré avoir expédié une lettre au DE américain (Département d’état américain) en février 2003, dans laquelle elle mentionne son intention de rester neutre pendant l’invasion imminente de l’Irak et en affirmant qu’elle n’ouvrirait pas le feu sur les forces de la coalition, pas même dans des situations d’auto-défense. Elle a également affirmé avoir proposé de lutter au nom de la coalition. »(Le RAND : National Defense Research Institute (Institut national de la recherche et de la défense) est une organisation de recherche à but non lucratif qui offre une analyse objective et des solutions efficaces pour répondre aux défis affrontés par les secteurs publics et privés du monde entier. Son rapport était intitulé : « Les Moudjahiddines-e Khalq en Irak : Une énigme politique 2009 » et a été soutenu par le bureau du secrétaire d’état à la défense des États-Unis d’Amérique. Le rapport complet peut être consulté ici : http://www.rand.org/pubs/monographs/MG871/😉

[2]            Pour en savoir plus sur l’OMPI et sa révolution idéologique, se référer à MASOUD : Mémoires d’un rebelle iranien – Publié par SAQI Book, 2004. La version inédite de mes mémoires peut également être consultée sur mon site internet : http://www.banisadr.info/mylifestory.htm ; il vous est également possible de lire « Le Moudjahiddine iranien », publié par Yale University press New Haven and London, 1989, rédigé par Ervand Abrahamian, professeur d’histoire au Baruch College, université de la ville de New York.

[3]       « Les organisations terroristes sont des sectes », Masoud Banisadr – Cultic Studies Review, Vol. 8, N° 2, 2009, p. 15. Cet article peut également être consulté sur ma page internet : http://www.banisadr.info/ICSA2009.htm

[4]            Publication de l’OMPI, Nashrieh …11 décembre 1981.

[5]            Publication de l’OMPI, Nashrieh …18 décembre 1981.

[6]            « La terreur du suicide précède la manifestation moderne des bombes dissimulées dans les voitures qui ont commencé au Liban. Elle n’est pas spécifique à la période moderne et n’est pas non plus confinée à une seule région ou religion. Parmi les antécédents historiques précoces du terrorisme se trouvent les Fanatiques juifs et les Sicaires au premier siècle ap. J.-C., à l’époque du second temple jusqu’à sa destruction en 70 ap. J.-C., les malfrats hindous en Inde à partir de l’ère d’Hérodote jusqu’en 1836, les Assassins du douzième siècle, les mouvements anti-coloniaux sur la Côte de Malabar et les kamikazes japonais pendant la seconde guerre mondiale. En examinant ces premiers exemples de terrorisme, nous pouvons établir certaines tendances générales qui ont émergé et tracer des similarités entre ces anciens mouvements et les phénomènes plus récents. Les thèmes communs qui émergent de ces anciennes études de cas sont un modèle de ce qui arrive aujourd’hui : le rôle de l’éducation précoce dans le recrutement d’adhérents, l’apparition de leaders charismatiques et ambitieux, les luttes pour des territoires occupés, et la manière dont est manipulée la religion pour induire les disciples à tuer au nom de Dieu » (de Dying to Kill de Mia Bloom, p. 4).

[7]            « Bien entendu, lorsque des gens ordinaires faisaient partie des victimes, on les qualifiait d’agents ou espions du régime, ou encore de Basiji (membres des équipes de mobilisation)… » Il est intéressant de remarquer que, parmi toutes ses activités terroristes de l’époque, l’organisation a revendiqué l’explosion de trois bombes à proximité de la résidence de Khomeini (publication de l’OMPI Nashrieh, 23 avril 1982), mais pas les autres bombes qui ont explosé et ont causé la mort de citoyens ordinaires, qui ne pouvaient pas être acceptés, pas même au sein des leaders de l’organisation OMPI. Elle a prétendu que ces actes avaient été perpétrés par le régime lui-même, (publication de l’OMPI Nashrieh, 10 septembre 1982) ou par un autre régime (publication de l’OMPI Nashrieh, 8 octobre 1982). Elle n’a cependant pas hésité à tuer même le responsable d’une agence d’état qui était tenu par la loi de fournir un rapport de toutes les locations (publication de l’OMPI Nashrieh, 14 mai 1982), ou le chef d’une organisation locale pour avoir aidé des paysans (publication de l’OMPI Nashrieh, 23 juillet 1982). En effet, selon l’OMPI et ses partisans, toute personne soutenant le régime est un criminel et mérite d’être tué. Par la suite, l’organisation a fortement changé et a commencé à considérer que les gens avaient soit le statut d’amis ou celui d’ennemis, donc amis du régime. Ce qui signifie que quiconque n’est pas son allié collabore avec le régime et mérite donc d’être assassiné. Ainsi, en un an, elle a causé la mort de plus de 2 000 personnes et s’en est même vantée (publication de l’OMPI Nashrieh numéro 55 – 24/9/1982, également dans la publication de l’OMPI Mojahed numéro 163 – 4/8/1983 le nombre de victimes annoncé de l’OMPI entre le 20 juin 1982 et le 20 juin 1983 s’élève à 2 800 personnes). Bien entendu, plus tard, suite à la perte de nombreux partisans en Iran en raison de leur exécution ou suite à des luttes armées, il a fallu qu’elle rapatrie des équipes terroristes depuis l’Irak ; par conséquent, cibler de hauts officiers n’était pas tâche aisée et c’est ainsi qu’elle a commencé à faire exploser des conduites de pétrole (publication de l’OMPI Mojahed, 14 juin 1993) ou à placer des bombes dans des endroits tels que la tombe de Khomeini, actions qui pouvaient tuer des citoyens ordinaires. (publication de l’OMPI Boltan, 16 octobre 1992).

[8]            Les règles du Djihad : les musulmans sont généralement conscients que le Djihad a ses règles et ses conditions. Dans le Coran, Dieu a mis l’accent sur le fait que personne ne doit violer ces règles ni les rejeter. Abu Baker, le premier calife du prophète, a fait référence au Coran et aux paroles du prophète, et a déclaré à tous ceux qui souhaitaient se considérer comme soldats musulmans : « Ne trahissez pas, ne nourrissez aucune rancune ; ne trompez pas, ne tuez pas les enfants ; ne tuez pas les vieilles personnes, ne tuez pas les femmes ; ne détruisez pas les ruches et ne les brûlez pas, n’abattez pas les arbres fruitiers, ne massacrez pas les moutons, le bétail ou les chameaux, sauf pour vous nourrir. Vous rencontrerez des personnes qui passent leur vie dans des monastères : laissez-les s’affairer à ce à quoi elles ont dédié leur vie… » (extrait de « Héritiers du prophète Mohammed » de Barnaby Rogerson, p. 162). Outre cela, Ali, le quatrième calife, a établi des règles supplémentaires, pour entraver les tueries, notamment des prisonniers de guerre. Il déclare : « On ne poursuivra pas celui qui tourne le dos ; on ne tuera pas celui qui est blessé ; celui qui baissera son arme sera épargné ». Ali a pardonné avec bonté. Les victimes des deux camps ont été enterrées; seuls les armes et les animaux capturés pouvaient être conservés comme butin de guerre (extrait de Héritiers du prophète Mohammed de Barnaby Rogerson, p. 298).

[9]            « [lorsque] le Moudjahiddine s’est rendu compte que la deuxième révolution n’était pas proche, et a donc commencé à se préparer pour une bataille armée prolongée, le militantisme organisé s’est donc imposé à l’opportunité politique. Les militants irréductibles sont devenus plus importants que les « amis des beaux jours » et que les « compagnons de voyage », la « qualité » des membres est devenue plus importante que la quantité des sympathisants, la discipline organisationnelle plus importante que l’apparence de la démocratie interne, et la pureté idéologique de la base plus importante que les contacts fréquents avec les sympathisants extérieurs, surtout si de tels sympathisants étaient à même de contaminer les membres ordinaires. Ainsi, leur attitude extrovertie a été remplacée par une attitude plutôt introvertie qui leur faisait traiter leurs alliés comme s’ils étaient les ennemis potentiels. Cette nouvelle façon de voir les choses leur a fait percevoir toute personne n’étant pas totalement en accord avec les Moudjahiddines comme des ennemis. Lorsqu’ils ont atteint ces conclusions, les Moudjahiddines ont commencé à éliminer leurs « amis peu enthousiastes » du conseil national — d’anciens membres du conseil national croient que les Moudjahiddines auraient pu aplanir leurs différences avec Bani-Sadr et le parti démocratique Kurde. Cela a détruit Iran Shahr lorsque ce quotidien [le Moudjahiddine] a osé publier une série d’entretiens avec des exilés importants qui critiquaient modérément l’organisation. Cet article a librement accusé les critiques d’être des agents du SAVAK. » (d’après Ervand Abrahamian, Moudjahiddine iranien, p. 249)

[10]           « Les organisations terroristes sont des sectes », Masoud Banisadr – Cultic Studies Review, Vol. 8, N° 2, 2009,  p. 164 et 165

[11]   Dans le rapport RAND, on peut lire : « Après l’invasion de l’Irak en 2003 par les États-Unis et le Royaume-Uni et le renversement du régime de Saddam Hussein, l’OMPI a été contrainte de rendre toutes ses armes. Depuis lors, l’OMPI affirme avoir formellement rejeté toute utilisation de la violence, bien que les preuves documentées de cette décision soient limitées, que ce soit en langue anglaise ou en langue perse. » (Rapport RAND 2009 : http://www.rand.org/pubs/monographs/MG871/; Les Moudjahiddines-e Khalq en Irak – p. 66) Dans le même rapport, on peut lire que dès qu’une amélioration se faisait ressentir dans ses rapports avec les américains, l’OMPI demandait un retour de ses armes.

[12]           Fanatiques : « Dès 48 ap. J.-C., les Fanatiques ont mené des campagnes terroristes pour forcer une insurrection contre les romains en Judée. Au cours de ces campagnes, les Sicaires (hommes-poignard) agissaient fréquemment. Ils infiltraient les villes sous domination romaine afin de poignarder les collaborateurs juifs des romains avec un sica (dague), enlever le personnel de la garde du temple pour obtenir une rançon ou encore afin d’empoisonner leurs ennemis. Ces Fanatiques justifiaient le meurtre d’autres juifs en soutenant que leurs actions démontraient les conséquences de l’immoralité de collaborer avec les envahisseurs romains et exposaient le fait que les romains n’arrivaient pas à protéger leurs collaborateurs juifs. » (   Rex A. Hudson, « La sociologie et la psychologie du terrorisme : qui devient terroriste et pourquoi? » Rapport préparé suite à un accord passé entre plusieurs agences par le département de recherche fédérale, Washington DC : Government Printing Office, Library of Congress, septembre 1999, 14. Citation de Mia Bloom, « Dying to Kill; The Allure of Suicide terror »; Columbia University Press/ New York, 2007; p. 8)   « Les Fanatiques se voyaient comme des catalyseurs révolutionnaires déplaçant les hommes par la force de leurs actions audacieuses, exploitant les attentes des masses pour lesquelles une délivrance cataclysmique et messianique était imminente. Pour générer une révolution massive, ils intensifiaient les luttes à travers des tactiques de choc visant à manipuler la peur, les atrocités, la solidarité et la culpabilité. Parfois ces actions émotionnelles étaient provoquées par des atrocités terroristes allant bien au-delà des normes consensuelles régulant la violence ; parfois, elles étaient produites en provoquant l’ennemi à commettre des atrocités contre son gré (   David C. Rapoport, Université de Californie, Los Angeles, « Peur et Tremblements, » Le terrorisme dans trois traditions religieuses.   The American Political Science Review, Vol. 78, N° 3 (sep. 1984) page 670 – citation de Mia Bloom, « Dying to Kill; The Allure of Suicide terror »; Columbia University Press/ New York, 2007 p. 9, 10.)   Les Fanatiques et les Sicaires avaient conçu leurs actions pour provoquer délibérément une révolution massive. « Des atrocités répétées réduisaient les perspectives d’une solution politique ou mutuellement désirée, qui parvienne à détruire la crédibilité des modérés des deux camps, tout en intensifiant le conflit, qui impliquait de nouveaux participants. » (David C. Rapoport, Université de Californie, Los Angeles, « Peur et tremblements », Le terrorisme dans trois traditions religieuses. The American Political Science Review, Vol. 78, N° 3 (sep. 1984) page 672 Citation de Mia Bloom, « Dying to Kill; The Allure of Suicide terror », Columbia University Press/ New York, 2007, p. 9, 10.)   « Les leaders des Fanatiques en arrivèrent même à brûler leurs propres réserves de nourriture pendant le siège prolongé de Jérusalem afin de démontrer leur dévouement religieux et afin de forcer la main de Dieu à agir contre les romains. Dieu n’aurait ainsi pas d’autre choix que d’intervenir pour préserver ses fidèles. L’intervention divine ne fut pas imminente et de nombreux résidents de Jérusalem moururent de faim. Josèphe pensait qu’il fallait blâmer les tactiques des Fanatiques pour toutes les calamités qui s’étaient abattues sur le peuple juif, notamment leur exil, leur expulsion, les massacres des communautés juives en Égypte et à Chypre et la destruction du second temple. Enfin, Josèphe a critiqué les suicides en masse à Massada, dus à l’intransigeance des Fanatiques. Lorsque le général romain Flavius Silva décida d’attaquer Massada à la fin de l’année 72 ap. J.-C., il y avait 960 insurgés et réfugiés dans la forteresse, dont des hommes, des femmes et des enfants. Silva encercla la montagne avec la dixième légion romaine et des troupes supplémentaires. L’année suivante, une fois la chute de la forteresse inévitable, Éléazar, le leader des Fanatiques, persuada les défenseurs de Massada à s’engager dans un acte de suicide en masse. (Deux femmes et leurs cinq enfants survécurent en se réfugiant dans une grotte et purent ainsi relater les événements.) Les Fanatiques de Massada ont préféré mourir de leur propre main plutôt que d’être capturés par les ennemis romains. » (   Josèphe, La guerre juive, volume 7, 252 – 404 ; Paul Johnson, Une histoire des juifs – New York; Harper and Row, 1987- , 139-140; David Rapoport, correspondance personnelle avec l’auteur, 8 avril 2004. – Citation de Mia Bloom; « Dying to Kill; The Allure of Suicide terror », Columbia University Press/ New York, 2007 p. 10, 11)

[13]         Pour plus d’information sur les sectes hindoues, voir Lung, Haha et Christopher B. Prowant. « Black Science : techniques anciennes et modernes de manipulation mentale ninja ». Boulder, Colorado : Paladin Press, 2001

[14]         « « Assassin » (Hashishins), secte fondée en Perse en 1090 par Hassan ibn Sabbah (« Le vieil homme de la montagne ») . Depuis sont château inexpugnable, le « Nid d’aigle » (Alamut), dissimulé dans les montagnes de Perse, Hassan relâchait sur le monde des vagues d’agents suicidaires – des espions et des assassins. La secte assassine d’Hassan devint le modèle de toutes les sociétés secrètes, des réseaux espions et des groupes terroristes qui s’ensuivirent, jusqu’à aujourd’hui. Il s’agissait de l’ancêtre d’Al-Qaïda ! À cette époque, Hassan profitait de toute tactique, torture et outil concevable, de la magie au meurtre, du haschisch aux catins, pour fasciner et tromper l’ennemi et le forcer ainsi à se plier à sa volonté. Pour Hassan et ses Assassins, la fin justifiait les moyens. Les moyens sont la terreur et la traîtrise et la fin est le pouvoir. Maîtres de la métamorphose, opportunistes, les Assassins s’engageaient dans des alliances impies avec les hindous barbares et s’alliaient aux croisés chrétiens infidèles contre leurs frères musulmans. Pour Hassan et les grands maîtres Assassins qui ont perpétré son héritage mortel, l’Islam n’était qu’un rideau noir bien pratique pour se dissimuler. Les assassins de Hassan ont régné par le subterfuge et le massacre pendant plus de deux siècles, jusqu’à ce que l’invasion mongole repousse la secte en Perse en 1273. … Après la destruction de leur siège perse, les Assassins ont continué à survivre et à prospérer de l’Inde à la Syrie, engendrant des groupes et imitateurs « convertis », dont certains se sont aventurés jusqu’en Europe. » (Dr. Haha Lung, contrôle mental, « L’art ancien de la guerre psychologique », Citadel Press Kensington, 2006, p.194)

[15]   « Au 13ème siècle, le mot « Assassin », sous toutes ses formes, était déjà passé dans l’usage européen dans le sens général de tueur à gages professionnel. Le chroniqueur florentin Giovanni Villani, qui mourut en 1348, raconte comment le Seigneur de Lucca envoya « ses assassins » (i suoi assassini) à Pise pour y tuer un ennemi gênant. Bien plus tôt, Dante, dans un passage du 19ème chant de l’Enfer, parle de l’ « assassin perfide » (lo perfido assassin); son commentateur du quatorzième siècle, Francesco da Buti, afin d’expliquer un terme qui pouvait pour quelques lecteurs de l’époque sembler étrange et obscur, fait cette remarque : « Assassino è colui che uccide altrui per danari » – un assassin est quelqu’un qui tue les autres pour de l’argent. Depuis lors, « assassin » est devenu un nom commun dans la plupart des langues européennes. Il signifie un meurtrier, plus particulièrement, quelqu’un qui tue furtivement ou par traîtrise, dont la victime est une personnage public, et qui est motivé par le fanatisme ou par l’avidité. Cela n’a pas toujours été le cas. Ce mot apparaît pour la première fois pendant les chroniques des croisades, désignant un groupe étrange de dissidents musulmans dans le Levant, menés par une figure mystérieuse connue comme le Vieil Homme de la Montagne, et répugnants en raison de leurs croyances et de leurs pratiques, à la fois pour les chrétiens et pour les musulmans. … » (Bernard Lewis : « Les Assassins, une secte radicale en Islam », Phoenix publication, 2003, p. 2)

« Marco Polo, qui passait en Perse en 1273, mentionna le chef des Assassins. Voici ce qu’écrivit Polo : « Il avait clos une certaine vallée entre deux montagnes et l’avait transformée en jardin, le plus grand et le plus beau qu’on ait jamais vu … il regorgeait librement de vin et de lait, de miel et d’eau ; de nombreuses dames et demoiselles les plus belles du monde, y jouaient de tous les instruments imaginables, chantaient d’une manière extrêmement douce et  dansaient avec un charme dont il  était difficile de détourner le regard, parce que le vieil homme désirait faire croire aux gens qu’il s’agissait bien du Paradis… Alors, lorsque le vieil homme devait abattre un prince quelconque », continue Polo, « il disait à un jeunot : va donc et tue ainsi que je te le dis ; lorsque tu reviendras, mes anges te conduiront au Paradis. Et si jamais tu venais à mourir, j’enverrai mes anges pour qu’ils te ramènent au Paradis. … » et de cette manière, le vieillard, par le biais de ses disciples, faisait tuer toute personne dont il désirait se débarrasser. (Philip K. Hitti ‘Les Assassins,’ George Andrews et Simon Vinkenoog -eds.-, Le livre de l’Herbe : Une anthologie du chanvre indien, Londres : Peter Owen, 1967-) Citation de : Mia Bloom; ‘Dying to Kill; The Allure of Suicide terror’, Columbia University Press/ New York, 2007, p. 5, 6)

[16]          « Avec le temps, l’ordre des Assassins réussit, à un moment ou à un autre, à établir (ou tout au moins, fut accusé d’avoir établi) des pactes et traités avec  des musulmans rivaux, des croisés opportunistes et des mongols impies. … En 1174, Sinan, leader des Assassins d’Alep, proposa une alliance entre le roi chrétien Amalric I de Jérusalem et les Assassins contre le souverain égyptien musulman Nur ed-Din. Les Assassins auraient fourni des informations sur les forces de Nur ed-Din, ainsi que des soldats du génie s’il s’avérait qu’Amalric en eût besoin. De plus, Sinan aurait formé une partie sélectionnée des troupes mêmes d’Amalric aux tactiques et aux techniques des Assassins. Pour rendre l’offre plus alléchante, Sinan fit allusion au fait qu’une partie de la secte des Assassins pourrait se convertir en masse au christianisme. Conscient que les Assassins étaient des combattants féroces et intrépides et qu’ils avaient le meilleur réseau de renseignements de toute la Syrie, Amalric donna son accord à cette alliance. » (Dr. Haha Lung, « Assassin : L’art mortel de la secte des Assassins », Citadel Press, 1997, p. 37,40)

[17]   « Hassan II a éliminé les obligations rituelles islamiques pour la secte des Assassins, même au point de les autoriser à consommer de l’alcool » (Dr. Haha Lung, « Assassin, L’art mortel de la secte des Assassins », Citadel Press, 1997, p. 36)

[18]           Pour en apprendre un peu plus que la manière sont ces organisations utilisent ces concepts et découvrir jusqu’où leur interprétation est différente de ce que dit l’Islam, vous pouvez vous référer à mon discours sur ce sujet : « L’utilisation de la philosophie du martyr au sein des sectes religieuses pour des actes de terrorisme » sur : http://www.banisadr.info/LSpeech050507.htm

[19]           Pour l’Islam, la profession d’homme saint ou de prêtre n’existe pas ; au contraire, ceux qui sont experts en religion se définissent eux-mêmes « Olama » (personne savante) ou « Fagieh », celui qui connaît les règles de conduite au sein de l’Islam et qui peut juger (Qadi).

[20]          Les Assassins ont rompu quelques règles de conduite islamiques, dont celle de ne pas tuer un vieil homme désarmé et non combattant, en particulier au moment de la prière, dans une mosquée tout comme dans d’autres endroits de culte, qui devenaient ainsi des sanctuaire, par l’assassinat d’Ubbayd Allah al Khatib, un Qadi (juge) d’Isfahan, tué pendant les prières du vendredi dans la mosquée d’Hamadan, ainsi que celui du Qadi (juge) de Nishapur, qui a été assassiné pendant les célébrations de la fin du Ramadan. (Bernard Lewis : « Les Assassins, une secte radicale en Islam »; Phoenix publication, 2003, p. 57)

[21]          Voilà la raison pour laquelle je m’oppose à ceux qui qualifient de NMR (Nouveaux Mouvements Religieux) les sectes destructrices ; je pense que la différence principale entre les deux réside dans le fait qu’une secte destructrice se base du début jusqu’à la fin sur son leader, que ce soit en raison d’une religion ou d’une foi ou même d’une idéologie ; bien que, dans un premier temps, les disciples s’appuient davantage sur l’enseignant, l’idéologue ou le messager de cette foi, idée ou religion, à la fin ils s’identifient plutôt aux idées plutôt qu’à leur leader. Le facteur important à leurs yeux et qui prédomine sur tout le reste sont des idées telles que le caractère unique, l’existence ou la non-existence de Dieu, la résurrection, le socialisme ou le capitalisme, la croyance à la transmigration ou à la métempsychose, la lutte pour la justice sociale et pour la société égalitaire. Ils ont un dogme, mais ce dogme se base sur des idées plutôt que sur un leader. Au contraire, le dogme des sectes destructrices et ses principes fondamentaux se basent sur le leader plutôt que sur les idées. Elles peuvent changer tous leurs principes, idées et fondements, mais ne peuvent changer deux d’entre eux ; par conséquent les véritables principes auxquels doivent adhérer leurs disciples, jusqu’à la mort, sont : 1- la survie de la secte et 2- la loyauté et l’obéissance au leader de la secte.

Les sectes destructrices peuvent présenter quelques similarités avec des groupes basés sur des idées, de la même manière dont les phénomènes existants présentent quelques similarités ; cependant, bien que les sectes puissent dériver d’une idéologie ou effectivement se transformer en NMR, tant qu’elles auront les caractéristiques des sectes destructrices, à mon avis, il faudra continuer à les appeler ainsi. Bien entendu, si un changement a lieu, leur catégorisation changera également. En langue perse, on dit que tout objet sphérique n’est pas une pomme ; la fleur du pommier, même si elle se changera un jour en pomme, n’est pas une pomme, et la tarte aux pommes, même si elle a été faite avec des pommes, qui en sont le principal ingrédient, n’est pas non plus une pomme.

[22]   Si vous souhaitez en savoir plus sur mon opinion relative à la manipulation mentale, vous pouvez jeter un coup d’œil à mon discours lors du séminaire INFORM, en novembre 2009, sur : http://www.banisadr.info/London2009.htm

[23]           « Les organisations terroristes sont des sectes », Masoud Banisadr – Cultic Studies Review, Vol. , N° 2, 2009, p. 15

[24]           Dispatches : « Britain’s Islamic Republic » : quatrième chaîne de télévision britannique, premier mars 2010.